En ordre de marche pour 2022
A l'occasion de la présentation de ses vœux, Arnaud Delestre, le président de la Chambre, a souligné les nombreux enjeux qui se posent à l'agriculture et sur lesquels l'organisme consulaire devra déployer tout son professionnalisme et ses savoir-faire.

Lorsque démarre une nouvelle année, se dire qu’on peut s’appuyer sur des bases solides et confortées, c’est déjà un bon point pour avancer ! C’est ce qu’inspiraient les propos du président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, Arnaud Delestre, le 4 janvier, à l’occasion de la présentation de ses vœux. Car en arrière-plan du bilan et des objectifs que se fixe l’organisme pour les douze mois qui viennent, apparaissait la signature du Contrat d’objectifs et de performance intervenue le 25 novembre dernier entre l’État et l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (APCA). Ce contrat fixe des objectifs chiffrés sur les cinq prochaines années pour le réseau consulaire lié à l’agriculture mais, en contrepartie du respect des engagements pris, une véritable stabilité budgétaire a été obtenue. « Nous avons les moyens de poursuivre un travail dont la qualité a été reconnue, soulignait Arnaud Delestre, et c’est aussi une reconnaissance de l’importance de la relation de proximité que nous représentons ».
Répondre présent sur de nombreuses actions
Pour son cas propre, la Chambre d’agriculture de l’Yonne dispose d’un budget de 5 millions d’euros abondé, pour moitié, par la fiscalité, et pour 20 %, par diverses subventions. Les 30 % restants étant constitués des recettes liées aux différentes prestations de services qu’elle propose. Et pour 2022, son président place l’organisme consulaire en ordre de bataille, notamment dans le cadre des Conseils stratégiques phytosanitaires (CSP). Des actions inscrites dans le contexte plus général d’évolution de la législation qui a conduit à la séparation des activités de vente et de conseil, notamment pour les coopératives. Dans le créneau du conseil qui est à occuper de ce fait, les Chambres d’agriculture mettent en avant leur indépendance. Mais, pour répondre aux besoins des agriculteurs qui, dans le cadre du renouvellement de leurs Certiphyto, une fois tous les 5 ans, doivent passer deux CSP, la Chambre d’agriculture doit mettre en place des moyens humains à la hauteur. « Cela réclame une certaine réorganisation en interne, reconnaissait Arnaud Delestre, et une gestion fine des plannings, mais nous avons la volonté d’anticiper et de recruter en 2022 sur ces postes ». Les services de la Chambre devraient aussi beaucoup être sollicités dans l’accompagnement des agriculteurs en 2022, en prévision de l’entrée en vigueur de la nouvelle PAC, au 1er janvier 2023. « Un travail important de l’ensemble des équipes est attendu, soulignait le président, car se sont les assolements et les emblavements opérés à l’automne 2022 qui seront concernés. Nous devrons donc accompagner les agriculteurs dès le second trimestre de cette année afin que, dès les mois de mai juin, ils sachent comment agir au mieux de leurs intérêts ».
Accompagner le renouvellement des générations
L’arrivée de la nouvelle PAC est l’un des grands enjeux de 2022 listés par Arnaud Delestre. Mais il y en a bien d’autres qu’il s’est plu à rappeler : le changement climatique, les réponses aux attentes sociétales, la mise en place des Zones de non-traitement (ZNT). Sur ces dernières, le président convient qu’il s’agit d’un « sujet important, mais sur lequel il faudra aussi rester pragmatique ». Le renouvellement des générations en agriculture figure aussi en bonne place des préoccupations de la Chambre. Le dossier est particulièrement sensible dans l’Yonne où la proportion d’agriculteurs de plus de 55 ans, et donc proche de l’âge de la retraite, est importante (voir encadré). « En 2021, rappelait Arnaud Delestre, plus de 200 jeunes, porteurs de nombreuses idées et innovations, sont venus au Point accueil installation de la Chambre et nous avons procédé à 50 installations dans le département. Il n’en reste pas moins vrai que la question des prix agricoles est essentielle pour rendre attractives les productions. Nous travaillons beaucoup sur l’anticipation de la cession d’exploitation. Sur ce thème, nous réalisons cinq formations par an, alors qu’il y a cinq ans, nous avions de la peine à en remplir une : preuve que le sujet intéresse et que les exploitants ont pris conscience de l’importance de se préparer ». En 2022, la Chambre d’agriculture de l’Yonne compte bien poursuivre ses efforts d’accompagnement sur les réseaux de vente directe, les drives fermiers d’Auxerre et d’Avallon ou encore la plateforme Je veux du local qui compte aujourd’hui 253 producteurs. « Notre objectif est d’en avoir 300 à la fin de l’année » soulignait le président de la Chambre. La Chambre travaille de plus en plus étroitement avec les collectivités, afin de favoriser l’accès des productions alimentaires locales aux services de restauration collective. « De manière plus globale, ajoutait Arnaud Delestre, nous allons renforcer le dialogue avec les élus, les collectivités et les citoyens. Nous travaillons sur la mise en place en 2022 d’une sorte de « carte de visite » agricole pour chaque territoire du département ». Pour conclure, et toujours dans une logique d’accompagnement, les questions de la gestion de l’eau, mais aussi des productions énergétiques (photovoltaïque et méthanisation) feront l’objet d’une attention soutenue, au cours des douze prochains mois.
Berty Robert
Une démographie agricole icaunaise à surveiller
Selon l’Observatoire prospectif de l’agriculture en Bourgogne-Franche-Comté, entre 2012 et 2019, l’Yonne est le département de Bourgogne-Franche-Comté qui a vu sa population agricole diminuer de manière la plus sévère (-12 %). Le département affiche aussi le taux de remplacement des agriculteurs qui ont cessé leur activité le plus faible de toute la BFC (63,1 %). C’est aussi dans l’Yonne que la population agricole est, en moyenne, la plus âgée : 53 % a 50 ans et plus. Néanmoins, en 2020, le Point d’accueil installation 89 a accueilli 25 % de porteurs de projets en plus que l’année précédente.
Bilan 2021
Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture, est aussi revenu sur quelques moments forts de l’année 2021. Elle fut notamment marquée par l’arrivée d’un nouveau directeur de Chambre, en la personne de François Avez, qui a pris ses fonctions le 1er septembre, en succédant à Hervé Mivielle. Sur le plan agronomique, l’année écoulée aura été marquée par une moisson correcte et avec des niveaux de prix pour le blé quasiment inconnus depuis dix ans. Mais le président de la Chambre a nuancé ce bon constat en rappelant que 2021 ne fut pas exceptionnelle pour toutes les productions. « Il faut aussi noter, concluait-il, qu’en 2021 et malgré les contraintes encore lourdes liées à la crise sanitaire, l’activité et les services ont été maintenus ».