Colza
Le bon équilibre entre variétés et gestion du risque ravageurs

Mathieu Dulot et Arnaud Van Boxsom (Terres Inovia)
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Depuis quelques années, pour mieux caractériser les variétés de colza, Terres Inovia les évalue sur de nouveaux critères, essentiels dans la lutte contre les ravageurs d’automne et particulièrement les grosses altises et leurs larves : la vigueur du début de cycle et leur capacité à peu exprimer les dégâts de larves de grosses altises.

Le bon équilibre entre variétés et gestion du risque ravageurs
Ce tableau représente les résultats de 17 essais.

Une meilleure vigueur pour une plante plus robuste

L’évaluation de la vigueur consiste en une observation via une photographie par drone à plusieurs périodes pour certains essais variétaux. Cela permet de distinguer deux vigueurs :

- celle de départ qui caractérise la surface foliaire atteinte au stade 3-4 feuilles pour mieux résister aux morsures de grosses altises ;

- celle de l’automne qui classe les variétés selon leur dynamique de croissance jusqu’à l’entrée de l’hiver pour mieux résister à la pression des larves d’altises.

Au stade 3-4 feuilles, on mesure une différence de surface foliaire de 5 à 10 % entre les variétés les moins et les plus vigoureuses. Cet écart s’accentue pendant l’automne avec 15 à 20 % entre les extrêmes au stade 8-10 feuilles à l’entrée de l’hiver. On observe régulièrement une corrélation entre ces deux vigueurs, mais cela n’est pas toujours le cas pour certaines variétés. En 2023, 17 essais ont été analysés et ont permis de donner ce tableau résumé des résultats de l’année (tableau 1). À titre d’exemple, la nouveauté Bessito présente des vigueurs départ et automnale importantes. À l’opposé, Hanissa confirme son classement de l’année dernière avec une vigueur plus faible.

Des différences variétales d’infestation larvaire et de dégâts en ports buissonnants

Sur certains essais variétaux, des blocs sont suivis sans traitement insecticide pour observer les symptômes de plantes buissonnantes dus aux larves de grosse altise. En réalisant des mesures d’infestation larvaire par la méthode Berlèse et des comptages de plantes buissonnantes avant la floraison, des classifications de variétés sont possibles. En effet, certaines variétés présentent deux fois plus de larves que d’autres dans un même essai, mais n’expriment cependant pas la même gravité de symptômes avec moins de plantes buissonnantes.

En 2023, 47 essais ont été analysés pour donner ce tableau résumé des résultats de l’année (tableau 2). Feliciano KWS qui est notre variété témoin pour ces essais, reste la référence en termes d’infestation larvaire et de symptôme de plantes saines (sans ports buissonnants). Certaines variétés comme KWS Arianos ou LG Armada présentent une infestation larvaire fréquemment élevée, mais l’expression des symptômes reste faible. Inversement, malgré une tendance à avoir moins de larves/plantes, Attica ou Heliott présentent régulièrement des plantes buissonnantes dans ce type d’essais. Ces nouveaux critères permettent de choisir ses variétés en fonction du risque de pression grosses altises de son secteur. Cependant, c’est bien l’ensemble des leviers qu’il faut mettre en place pour obtenir un colza robuste qui pourra exprimer tout son potentiel. L’implantation dans de bonnes conditions de fraîcheur et d’état structurel du sol, une fertilité satisfaisante permettant une croissance dynamique du colza, l’association du colza avec des légumineuses gélives sont autant d’atouts qu’il faut utiliser en plus de la variété pour limiter ou améliorer l’efficacité du traitement qui sera nécessaire en cas de forte pression des ravageurs d’automne.