Rémi Thibaudat a intégré le Gaec de Clairefontaine (Garchizy) le 1er mars dernier. À 24 ans, il rejoint son père, Éric, et devient ainsi la 5e génération d'exploitants sur le site.

« J’ai toujours adoré le contact avec les animaux, et c’était une évidence de me lancer dans l’élevage » détaille Rémi Thibaudat, qui vient de s’installer comme associé du Gaec de Clairefontaine. Si au départ il souhaitait s’établir de son côté (en volailles), il s’est finalement décidé à rejoindre la structure familiale : « Les montants des fermes qui pouvaient être reprises étaient trop importants et les lourdeurs administratives n’ont pas aidé ».
Après avoir travaillé deux ans dans une entreprise privée, il se lance dans l’aventure de l’installation « en plein covid » précise-t-il. « Cela n’a rien arrangé pour mon dossier… Au départ, j’ai commencé à le monter tout seul. Mais, dès que j’avais une question, je ne pouvais contacter personne à cause du confinement. Voyant que mon projet piétinait, mes parents ont commencé à m’aider, et heureusement ! ». Béatrice, sa mère, ajoute : « même si les jeunes peuvent avoir un soutien, je trouve que le système, très compliqué, ne les encourage pas. Je pense que s’il était simplifié, il y aura peut-être plus d’installations, même pour les hors cadres ».
Chaises musicales
Afin de faciliter l’établissement de son fils, Béatrice prend une décision. « J’ai décidé de me retirer du Gaec afin qu’il puisse prendre ma place. Cela étant, si Rémi avait pu installer son atelier volaille au sein de notre société, nous serions potentiellement restés tous les trois. Ceci dit, mon départ ne s’est pas fait à regret car j’étais et suis toujours formatrice au CFA de Challuy, un métier que j’adore ». Même si aujourd’hui elle ne fait plus partie de l’entreprise, elle y participe encore (avec le sourire) : « je me charge de toute la paperasse, car que ce soit Éric ou Rémi, ce n’est pas leur truc ».
Bousculer les habitudes
Même si Éric Thibaudat, installé depuis 1995, travaillait avec son père puis son épouse (installée en 2007), l’arrivée de Rémi bouscule un peu ses habitudes : « Il voudrait réduire la période de vêlage et à terme les réduire. C’est une bonne chose qu’il se projette dans le Gaec comme cela, même si nous ne sommes pas d’accord sur tout, ça montre son engagement. Et, c’est aussi motivant d’avoir un regard neuf sur sa façon de travailler ». Fier que son fils emprunte son chemin, ce dernier insiste tout de même : « j’aime mon travail, mais je ne veux pas que ma vie soit mise entre parenthèses pour autant. Il faut pouvoir trouver un système ou les deux s’allient sans se détruire ».
Famille et travail
Béatrice rebondit : « Le siège social de la société est aussi notre lieu d’habitation. Du coup, le bal des visites (commerciaux, clients, etc.) est incessant, même le dimanche ! Ce qui est parfois pénible ». Face à cela, Rémi a de son côté pris les devants en habitant à 1 km de la ferme : « une fois que je suis chez moi, je suis tranquille. Je n’ai d’ailleurs aucun papier administratif pour pourvoir réellement faire cette coupure. Avoir une vie personnelle est non négociable. Nous donnons beaucoup à notre exploitation, en s’oubliant trop souvent. Je ne veux pas de cela pour mon avenir ».
Centenaire
André, 83 ans, et Mauricette, 75 ans, les anciens patrons du Gaec, et grands-parents de Rémi concluent : « Nous sommes fiers que la ferme puisse continuer à exister, et nous espérons qu’elle perdurera encore longtemps à l’image de notre famille ». L’histoire du Gaec de Clairefontaine se poursuit, et peut-être qu’un nouveau membre fera son apparition prochainement car : « Depuis mon installation, ma sœur, aide-soignante, parle de plus en plus de nous rejoindre » note Rémi avec un sourire. En attendant, 2028 marquera le centenaire du Gaec de Clairefontaine. Toute la famille réfléchit d’ailleurs à marquer le coup !
Une exploitation périurbaine
Le Gaec de Clairefontaine est situé dans Garchizy, rue pasteur. Une implantation qui a ses avantages et ses inconvénients : « Nous sommes à proximité des commerces, des écoles et des équipements sportifs, en somme de tout ce que la ville peut offrir » souligne Béatrice Thibaudat. Son fils Rémi est d’ailleurs formel : « je cherchais une exploitation du même type car je ne veux pas mettre ma vie sociale aux oubliettes pour mon travail. Il faut pouvoir se couper de notre métier sans pour autant en être trop éloigné ». Mais, cet ancrage à son revers de médaille : « on ne peut rien faire sans avoir des yeux qui étudient ce que l’on fait » souligne son père en expliquant qu’un jour, il avait été alerté par des voisins car un broutard « hurlait à la mort. Or, il s’est avéré qu’il appelait juste les femelles… il faisait son travail de mâle… ». Rémi ajoute : « nous devons faire attention a tout, pour ne froisser personne, ce qui peut être un peu lourd à la longue ».