Insolite
Il convertit les Solex à l'électrique
À Castres, dans le Tarn, il existe un atelier spécialisé dans la rénovation de vieux cyclomoteurs dirigé par un passionné. Éric Fédevieille y répare Solex et mobylette et propose même de les électrifier !

Quand on entre dans le magasin Pétrolette et Solexine au 48 avenue de Lavaur à Castres, dans le Tarn, un doux parfum de nostalgie et de mécanique chatouille n’importe quel visiteur. Pas question de s’apitoyer car ici, c’est une écologie pragmatique et intelligente qui règne. « Ma philosophie c’est qu’on peut faire durer les choses ! Nous avons construit de superbes bécanes en France. Plutôt que de les jeter, faisons-les durer ! Les vélos anciens sont robustes, les peintures tiennent longtemps, il faut les garder, les retaper », martèle sans faiblir Éric Fédevieille. C’est à lui qu’on doit cet atelier, ouvert au début de l’année 2021. Après plusieurs années dans la restauration, notre homme a choisi de se lancer dans ce nouveau métier de mécanicien. Mais pas pour n’importe quelle bécane !
Mécano dans l’air du temps
C’est dans son enfance qu’est née sa passion pour les Solex et les mobylettes, elle ne l’a jamais quitté. Convaincu qu’« il en faut pour tous les goûts », et conscient de l’air du temps, il propose même de les transformer en véhicules électriques. Afin de participer à l’effort commun pour consommer moins de carburant, le mécano a choisi de faire confiance à la société française Noil qui construit des kits d’électrification homologués. Après plusieurs mois de formation dans le domaine de la mécanique deux-roues et l’obtention de l’agrément, il peut désormais convertir les Solex ainsi que certaines mobylettes et scooters. Les kits de rétrofit peuvent être installés sur des deux-roues immatriculés, ce qui les rend éligibles à une prime de l’État. En France, une poignée de mécaniciens effectuent ce travail. Les clients viennent de partout : « Niort, Bordeaux, ou la Côte d’Azur, précise avec enthousiasme Éric Fédevieille. C’est un travail de très grande qualité et du matériel fiable ». Bien entendu, il y a aussi des clients locaux et de tous gabarits : « Un jour j’ai eu un joueur du Castres Olympique (le club de rugby local, ndlr) âgé de 20 ans qui est venu pour rouler sur une bécane française et électrifiée ! Je n’étais pas très chaud parce qu’avec son poids, je craignais que le cyclomoteur manque de l’énergie. Mais en fait, il voulait juste aller de son domicile, où il est difficile de garer la voiture, au centre d’entraînement. Donc ça le fait ! »
Rester fidèle à l’esprit
Les Solex sont prévus pour 30 km d’autonomie avec la bride à 32 km/h (comme le moteur d’origine) et il faut parfois pédaler en côte. « Il faut garder l’esprit de la machine ! Si vous voulez aller plus vite, je vous électrifie une mobylette ! » explique, amusé, le mécanicien. Les scooters peuvent atteindre 80 km/h avec 80 km d’autonomie, en fonction du style de conduite, du relief et des conditions climatiques. Impossible de trouver des pièces adaptables dans l’atelier. Le mécanicien passionné préfère dénicher les deux-roues dans les granges et vérifier les pièces une à une pour avoir un stock de qualité. On trouve aussi des vieux vélos dans l’arrière-boutique. « Je les retape pour qu’ils roulent 40 ans de plus ! Surtout, ne jetez pas les vieux vélos, les Solex ou les mobylettes ! Je suis acheteur en bon ou mauvais état. À l’époque, les cadres étaient solides, les aciers des cadres et des roues étaient bien meilleurs que tout ce qui vient de Chine. » Interrogé sur la provenance des batteries, Éric Fédevieille déplore qu’il n’y ait pas de producteur français. Si un jour il y a une usine en France, « alors je serai le premier à les acheter », assure-t-il. « Pour les pneus, j’achète à l’usine Hutchinson de Blagnac, près de Toulouse. C’est local, je n’ai aucune raison valable d’acheter ailleurs. Et pour la peinture, je passe les pièces à un spécialiste de Roquecourbe » (une petite commune située au nord de Castres). Tout est fait pour aboutir à ce qui s’apparente à un travail d’orfèvre. Depuis le paradis des bricoleurs de génie, Léonce Rudelle (un autre Tarnais, disparu en 2019, qui avait inventé une mobylette électrique et qui s’était rendu célèbre pour cela sur internet) doit regarder ce travail passionné d’un œil bienveillant. Dans ce monde qui va parfois trop vite sans bien savoir pourquoi, animé par la dangereuse manie du toujours plus gros et toujours plus lourd pour nous déplacer, Éric Fédevielle poursuit son rêve de gosse sans oublier que « rouler à l’ancienne, c’est le top ! »
La conversion à l'électrique en détails
Pour convertir un Solex à l’électrique, il faut compter 499 euros pour le kit homologué qui est garanti un an. Avant de l’installer, une révision complète du deux-roues est effectuée. La transmission est conservée et réparée si besoin avec des pièces d’origine. Selon les machines et leur capacité de batterie, le temps de charge de 0 à 80 % va de 3 heures à 4 h 30. La batterie est à l’air libre pour dissiper la chaleur mais imperméable à l’eau. Les vitesses maximales respectent toujours celles prévues par les constructeurs lors de leur sortie d’usine. Pétrolette & Solexine : 06 15 59 02 11.