Axéréal : se métamorphoser pour avancer
En ce début d'année, Axéréal via le vice-président, Patrick Têtard, explique sa nouvelle ligne de conduite en revenant, notamment, sur certains choix.

Patrick Têtard, vice-président d’Axéréal, revient sur l’assemblée de section de la coopérative qui a eu lieu en fin d’année 2021 ; l’occasion de tracer les lignes de l’avenir en éclaircissant certaines décisions.
Bilan des campagnes
« Les deux campagnes précédentes ne se ressemblent en rien : en 2019-2020 nous avons vécu la sécheresse, et en 2021 ce fut la pluie. Pour la moisson 2020, la qualité était là, malgré une quantité moindre. Nous avons perdu environ 30 % par rapport à l’année précédente – soit des résultats presque équivalents à 2016. Rappelons que pour une coopérative, avec des charges fixes, cela n’est pas simple à gérer. Pour 2021, nous nous projetons avec une qualité « passable à bonne ». Les équipes sont pleinement mobilisées pour associer et travailler les blés, afin d’obtenir la qualité requise par nos clients finaux ».
Fermetures
Outre les conditions météorologiques difficiles de 2021, un autre événement a marqué l’année : la fermeture de certains silos dans la Nièvre, et ailleurs. À cela, Patrick Têtard insiste : « Je comprends l’agacement de certains face à cette décision. Mais, notre vision est globale et sur le long terme, et la coopérative ne pouvait pas se permettre pour certains de ces sites une rénovation parfois très coûteuse. Il faut avoir en tête que si ces fermetures n’avaient pas été effectives cette année, elles auraient tout de même eu lieu, dans un ou deux ans. Pour nous, il était indispensable de ne pas faire traîner les choses, que ce soit par respect pour les personnes y travaillant ou pour éviter aux jeunes sociétaires de payer des outils complètement désuets et amenés à disparaître dans tous les cas. De plus, les économies effectuées par ces fermetures vont nous permettre d’investir dans notre projet de transition ».
Produits phytos
Cette transition passe par divers points avec pour cible : « l’accompagnement des exploitants vers une agriculture plus adaptée aux demandes des clients et de la société ». De ce fait : « nous allons réduire la quantité de produits phytos sanitaires sur nos sites. Nous misons notamment sur le développement des commandes en ligne, avec une livraison sur un lieu choisi (exploitation, domicile, etc.) ou dans un de nos points relais. Cette démarche permettra de gagner en compétitivité, en réduisant les prix des produits, jugés jusque-là trop élevés, tout en baissant également nos charges. En parallèle, nous allons accélérer notre travail sur des solutions combinatoires comme, la mécanique ou encore la génétique, afin de répondre aux enjeux actuels sur la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Nous voulons apporter des solutions mixtes aux agriculteurs, et cela passera notamment par des réunions d’explications sur ces deux projets. Et cela n’affectera pas le nombre d’agents culture sur le terrain ».
Climat et avenir
Les changements dans la société ainsi que les aléas climatiques, devenus une norme, forcent le groupe à « réfléchir à notre rôle, et celui de l’agriculture en général, que nous avons à jouer dans le défi climatique. De plus, les agriculteurs ne peuvent pas subir ces aléas tous les ans, il faut donc trouver des solutions pour être proactifs et dans l’anticipation. C’est pour cela que nous avons pris de l’avance là-dessus notamment avec les colas bas gaz à effet de serre, de même pour les tournesols et prochainement pour les blés. À terme, nous voudrions proposer cette alternative pour toutes les productions afin qu’elles soient adaptées à la demande. Toujours dans cette optique, nous nous engageons pour l’installation des jeunes, avec de nombreuses propositions pour les accompagner dans leur démarrage, comme la certification bas carbone pour obtenir, à terme, la neutralité carbone sur leur exploitation. L’agriculture est innovante, et ce sujet est à prendre à bras-le-corps pour faire changer la vision que certains peuvent parfois en avoir ».
Par filières
Afin que cette transformation se fasse pour plus de valeur ajoutée pour les adhérents, Patrick Têtard l’ancre sur les filières : « nous essayons de tout retravailler afin d’obtenir des bonus pour nos productions, par exemple avec le développement de la haute valeur environnementale (HVE) ou le bio. Nous souhaitons poursuivre l’encouragement à rejoindre les filières pour les agriculteurs, leur permettant ainsi, s’ils répondent à un cahier des charges, d’obtenir un bonus. Axéréal est aussi très fière de contrats avec des clients de renom, comme avec Harris, pour valoriser au mieux les productions. Pour Axiane, la branche meunière, nous tendons vers une optimisation maximum des outils industriels avec le développement de nombreuses filières, comme Bannette, et beaucoup d’autres. En Élevage, nous avons opéré une restructuration et une transformation numérique avec un développement du volet volaille qui est la viande la plus consommée en France ».
Devenir acteur
Pour justifier toutes ces démarches, Patrick Têtard souligne : « Les outils numériques nous encouragent à nous réinventer car ils font changer la société et ses attentes plus rapidement. Nous devons nous adapter à cela, afin de continuer à offrir les meilleurs marchés à la production des adhérents. Nous prenons nos responsabilités avec ces décisions qui, nous en sommes convaincus, sont résolument modernes pour une coopérative. Nous ne voulons pas avoir à survivre. Nous voulons reprendre notre destin en main afin de devenir moteur ». Patrick Têtard conclut : « Nous voulons simplement que cet outil qu’est Axéréal se transforme pour ne pas nous échapper. Nous devons changer pour nous donner les moyens d’aller plus loin. Le but de tout cela est de produire… certes autrement, mais de produire quand même. Enfin, et pour terminer, je souhaite mes meilleurs vœux à l’ensemble des agriculteurs et acteurs des filières de notre territoire. Qu’elle apporte joie et prospérité à toutes et tous, et dans le contexte sanitaire qui reste complexe, une parfaite santé aux uns et aux autres ».
La Nièvre, la France : des valeurs ajoutées

Vice-président d'Axéréal, Patrick Têtard n'en reste pas moins un agriculteur Nivernais : « J'essaye toujours de représenter la Nièvre au mieux en la rendant plus visible. Sur ce territoire nous produisons plus que ce que nous consommons, de par le manque de population. Il est donc nécessaire d'exporter pour que toutes les productions soient valorisées, et cela ne va pas à l'encontre de la vente directe, par exemple, car les clients ne sont pas les mêmes. Mais, je pense que dans toutes ces transactions, il faut insister sur le fait que la production nivernaise, et française, est de qualité. Par ailleurs, au titre de paysans, nous produisons tout en entretenant le paysage et les territoires, ce qui nous octroie une place centrale et indispensable. Il faut que toute la profession reprenne son destin en main afin de montrer tout le panel de ses capacités».
Un profil modifié
Toute la démarche de transformation qui s'opère au sein d'Axéréal par du constat que le consommateur, et donc les clients ont changés : « Aujourd'hui les consommateurs sont des consomm-acteurs. Ils réfléchissent et se renseignent sur les produits qu'ils consomment. De ce fait, leurs attentes sont différentes d'il y a 30, 15 ou même 5 ans. La qualité, la manière dont le produit est transformé, ou encore se traçabilité, sont des points qui lui tiennent à cœur. Il faut donc tout faire pour lui montrer les atouts de la production française... Nous avons un rôle à jouer, que ce soit Axéréal et ses filières, mais également tous les agriculteurs. Certes les clients ont changé, mais l'agriculture aussi et il est temps de le prouver » insiste Patrick Têtard, vice-président d'Axéréal.