Chambre d'agriculture
Un besoin de perspectives claires
La Chambre d’agriculture de l’Yonne a tenu sa session de rentrée jeudi 28 septembre à Auxerre. Comme à l’accoutumée, les sujets abordés étaient nombreux et ont mobilisé l’attention de l’assemblée.
La dernière session de la Chambre d’agriculture s’est tenue à Auxerre jeudi 28 septembre dernier. Menée par son président Arnaud Delestre, elle a permis de faire le point sur l’actualité agricole du département. Des sujets nombreux, dont certains n’ont pas manqué de soulever quelques inquiétudes.
En préambule, Arnaud Delestre a dressé un tour d’horizon exhaustif des différentes productions du département de l’Yonne. Du côté des productions végétales, sans surprise, les cultures de printemps ont globalement souffert de la sécheresse des mois de février, avril et mai. Les cultures d’hiver, mieux implantées, ont davantage supporté ces conditions. Toutefois, les récoltes sont marquées par une grande hétérogénéité, liée notamment à la profondeur des sols et donc à leur réserve en eau. « Comme souvent, a rappelé Arnaud Delestre, les moyennes cachent des situations individuelles parfois dégradées ».
Pour cet automne, on note une progression des surfaces en colza dans certains secteurs. Un constat qui marque le retour du schéma “colza - blé - orge” après plusieurs années décevantes, tant du point de vue des rendements que sur l’aspect économique.
Le défi de la gestion des graminées adventices
La gestion des adventices, déjà tendue avec une progression marquée de graminées dans les rotations de cultures, ne va pas s’améliorer. Cette problématique constitue un défi important à relever pour l’agriculture du département. En effet, les contraintes liées à la résistance des graminées adventices et à la baisse du nombre de molécules encore autorisées poussent les producteurs dans une impasse technique et ont conduit à des préconisations techniques exigeantes.
Comme l’a rappelé le président de la Chambre d’agriculture, « des travaux sont engagés de longue date avec les exploitants dans le cadre des animations techniques sur les bassins d’alimentation de captage (BAC, ndlr) concernant la problématique de l’eau, ainsi que sur l’ensemble du département dans le cadre de la problématique du Prosulfocarbe ». Pour Arnaud Delestre, « il est important de sensibiliser encore plus largement les agriculteurs et les distributeurs à ce sujet ». Un prérequis impératif pour imaginer des approches permettant de limiter au maximum les transferts dans le milieu naturel et pour permettre la mise en marché de certaines productions potentiellement impactées (sarrasin, fruits à pépins… dans le cas du Prosulfocarbe).
Une rencontre commune Chambre et UPVY, était organisée récemment sur ce sujet. Elle a réuni plusieurs acteurs, dont les instituts techniques (Arvalis), des firmes productrices de produits phytosanitaires, les distributeurs, les services techniques des coopératives, et des conseillers techniques de la Chambre d’agriculture de l’Yonne. Ces échanges ont abouti à des perspectives d’actions qui visent à concilier les impératifs économiques et environnementaux. Les équipes de la Chambre d’agriculture sont pleinement engagées pour apporter et diffuser des solutions techniques afin d’accompagner les agriculteurs.
Impasses administratives
Parmi les sujets d’inquiétudes soulevés par les élus de la Chambre d’agriculture, il en est un que le président n’a pas manqué de qualifier d’ubuesque. Le Projet Stratégique National (ou PSN, anciennement PCAE, ndlr), dont les appels à projets sont ouverts depuis le 15 juin, a en effet fait l’objet de plusieurs communications de la part des services de la Chambre d’agriculture durant l’été. Et ce, dans le but d’informer un maximum de candidats. « La plateforme Europac permettant de déposer les dossiers devait être accessible mi-juillet. À ce jour, elle n’est toujours pas ouverte », regrette Arnaud Delestre. Des retards qui vont impacter bon nombre de projets pour lesquels l’accès aux aides est déterminant. « À chaque changement de programmation, nous sommes soumis à des périodes blanches… le temps pour les circuits administratifs et financiers de s’adapter », constate amèrement le président de la Chambre d’agriculture. « Dans le cas présent, nous nous acheminons probablement vers plus d’une année d’inaction, et de non-utilisation des crédits européens alloués à notre région ». Pendant ce temps les agriculteurs montent des projets, reçoivent des directives de toutes parts pour adapter leurs exploitations, mais ne peuvent mobiliser les crédits européens qui leur sont destinés à cet effet… Arnaud Delestre ne pouvait malheureusement clore ce chapitre sans de nouveau rappeler la situation liée à l’ancienne procédure PCAE 2020-2022 reprise par la Région. « La situation est totalement ubuesque ! Elle laisse dans l’expectative des centaines d’agriculteurs, dont certains se trouvent dans des situations financières difficiles. Les travaux sont réalisés, payés, mais les aides ne sont pas versées… ». Une nouvelle impasse pour laquelle, aucune perspective claire n’est annoncée à ce jour.