Luzerne
La coopérative auboise Capdéa investit dans la filière
Dans un climat porteur, la coopérative de déshydratation basée à Assencières, dans l’Aube, mais qui concerne aussi des producteurs de l’Yonne, affiche sa bonne santé au cœur d’un site modernisé, à l’issue d’une extension destinée à assurer l’essor du site pour les vingt prochaines années, et plus largement, de toute une filière.
Au pied d’une presse à balles flambant neuve installée sur son site de Marigny-le-Châtel, dans l’Aube, les responsables de la coopérative de déshydratation Capdéa, basée à Assencières, près de Troyes, ne boudaient pas leur plaisir le 21 juin. Couper le ruban au sein de l’un des deux nouveaux hangars de stockage, et plus largement inaugurer ce nouvel outil industriel, marquait le point final d’une saga débutée sept ans plus tôt. Initié en 2016, le projet baptisé ++AB, repose sur un investissement massif de 13 millions d’euros destiné à pérenniser l’existence de la coopérative et à sécuriser la rémunération de ses 780 adhérents, dont certains dans l’Yonne. « Après avoir acheté trois hectares de terrain pour nous agrandir et construit des espaces de stockages supplémentaires, le démarrage de la nouvelle presse à balles finalise le plus gros projet en déshydratation depuis quinze ans, » soulignait François-Xavier Moons, directeur général de Capdéa.
Triple performance
Désormais, l’usine de Marigny-le-Châtel dispose d’un espace permettant de stocker 31 000 tonnes de balles de luzerne, contre 12 000 tonnes auparavant. Une nouvelle ligne dotée d’un séchoir tout neuf a été installée pour décupler les capacités de déshydratation. La demande amont (commerce) et aval (les besoins des producteurs bios des zones encore non desservies par une collecte en déshydratation) a été le point de départ du projet d’agrandissement. La stratégie globale ++AB repose sur une triple nécessité : augmenter les capacités de luzerne, développer le marché de balles et la production de luzerne, dans une approche environnementale vertueuse. Une performance industrielle, économique et territoriale. « Pour que ce projet fonctionne, rappelait François-Xavier Moons, il fallait réfléchir à son adaptation dans l’environnement, augmenter les capacités de production tout en améliorant les performances énergétiques avec l’arrivée de la biomasse dans une dynamique de protection de la ressource eau ». Ce développement agro-industriel répond à des enjeux de territoire, c’est pourquoi il a été soutenu par nombre de partenaires publics et privés (l’Ademe, l’Agence de l’Eau Seine Normandie, la Région Grand Est, l’Agence Bio) à hauteur de plus de cinq millions d’euros.
Vertueux pour l’eau et l’élevage
Pour l’Agence de l’Eau, cet outil va dans le bon sens : la luzerne, culture à bas niveau d’intrants sur des territoires à enjeu comme les aires de captage et bassins-versants, « fait évoluer les pratiques agricoles en faveur de la protection de la ressource en eau ». Un outil collectif « au service de l’intérêt général et de ses coopérateurs », confirmait de son côté Béatrice Moreau, vice-présidente du Conseil régional Grand Est qui permet aussi le maintien et le développement d’une autre filière clé : l’élevage. « Bien que pensé il y a plusieurs années, ce développement s’inscrit dans le cadre du plan Eau présenté par le Président de la République en mars dernier », soulignait Nicolas Juillet, président du SDDEA. Un dispositif appelant à la sobriété aquatique du monde agricole. « Notre projet repose sur des fondations solides, il consolide le modèle économique de notre coopérative créé en 2006 et s’inscrit dans quatre objectifs nationaux, rappelait Didier Maudoux, le président de Capdéa : porter la SAU en bio à 18 % en 2027, augmenter les productions de protéines végétales pour réduire nos importations, décarboner et améliorer nos pratiques en faveur de l’environnement sans oublier la protection de la qualité de l’eau ». Précisant au passage que ce projet coopératif n’aurait pu se faire sans l’aval des adhérents et la confiance de nouveaux producteurs dans une zone de collecte élargie. Désormais, Capdéa compte 700 hectares de luzerne dans l’Yonne et autant en Seine-et-Marne.
Des performances engageantes
« Capdéa va bien », a répété à plusieurs reprises le président Didier Maudoux lors de l’assemblée générale du 21 juin. Avec des comptes consolidés, un chiffre d’affaires à 41,5 millions d’euros (soit 10 millions de plus qu’en 2021), un résultat excédentaire de 797 000 euros (contre un déficit de 731 000 euros l’année précédente), une rémunération de la luzerne 2022 à 100 euros la tonne de matière sèche et une rémunération 2023 déjà bien orientée… « Capdéa n’est pas en difficulté », a insisté l’élu, alors que les rendements et qualité de la première coupe de luzerne (4,4 tonnes/hectare) annoncent une belle campagne.