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Élevages laitiers

Un printemps très poussif

Alysé vient d’organiser quatre rendez-vous techniques intitulés « Bouts de prairies ». L’un d’eux s’est déroulé à Pagny-le-Château, chez le président de la coopérative.
Par AG
Un printemps très poussif
Lors d’une visite à l’EARL de Tontenant.
Deux des quatre journées « Bouts de prairies » d’Alysé se sont tenues en Côte-d’Or ces tout derniers jours. « L’objectif était à chaque fois le même : favoriser les échanges entre éleveurs. Les discussions ont porté sur différents thèmes, notamment celui des fourrages. Ces rencontres étaient diffusées en direct sur Facebook, les vidéos restent disponibles sur notre page et seront également postées sur notre chaîne Youtube Alysé Élevage », commente Ophélie Collard, conseillère fourrage au sein de la coopérative laitière.

« Loin du compte »
La pousse de l’herbe, très poussive ces dernières semaines, était au cœur des discussions. « Le mois d’avril enregistre d’ordinaire la pousse la plus importante de l’année. Pour la campagne en cours, nous sommes très loin du compte. Avec le gel que nous avons eu et la faible pluviométrie qui a suivi, nous sommes plutôt sur des niveaux des mois de mars et encore… », fait remarquer Ophélie Collard. La jeune femme invite les éleveurs à faucher les prairies sans plus attendre : « le gel les a stressées et celles-ci vont vite monter en épis. Récolter dès maintenant, même de très petits volumes, permettra de viser la quantité sur la deuxième coupe. Dans le même objectif, le déprimage qui a été réalisé portera lui aussi ses fruits ». Les premières récoltes de ray-grass enregistrent une baisse de rendement d’environ 30 % dans le département, ajoute la technicienne d’Alysé.

Illustrations
Nicolas Michaud cultive un mélange de ray-grass/trèfle d’Alexandrie depuis 2016. Le 20 avril, la baisse de rendement a même atteint les 50 % dans cette culture. La pousse de l’herbe dans les prairies a elle aussi été décevante, comme l’indique l’éleveur de Pagny-le-Château : « Ceux qui font pâturer à cette période de l’année enregistrent habituellement un bénéfice dans leur production laitière. Avec le manque d’herbe actuel, nous n’avons aucun effet. Pire, il y a même eu une légère baisse à cause de la pauvreté du fourrage. Les récentes précipitations devraient faire du bien, nous l’espérons ».

Retour de la betterave ?
L’éleveur de 85 vaches Prim’Holstein tente de récolter un maximum de fourrages au printemps : « c’est la stratégie de bon nombre d’éleveurs, sachant que le maïs ensilage donne des résultats de plus en plus aléatoires à l’automne. Mais si le froid et le sec s’en mêlent tôt dans l’année, cela devient forcément compliqué ».
Nicolas Michaud réfléchit à une nouvelle alternative au maïs ensilage : « je pense notamment à la betterave fourragère, il s’en faisait beaucoup à l’époque. Cette plante est riche et son irrigation ne semble pas compromise par la réglementation, contrairement au maïs. Il faudra veiller à apporter le dosage dans les rations, car une trop forte concentration peut avoir un effet néfaste dans la production ».

Récoltes fourragères : une plateforme pour avancer

Alysé, la Chambre d’agriculture et Dijon Céréales ont mis en place une plateforme d’essais variétaux à Poiseul-la-Ville. Le service Damier Vert y multiplie les essais depuis juin 2020 pour répondre aux problématiques des éleveurs. « Cette parcelle mise à disposition par le Gaec du Paradis s’étend sur 2,5 ha », présente Jean-Baptiste Martinien, technicien à Dijon Céréales, « nous sommes ici sur des terres argilo-calcaires très superficielles, spécifiques du secteur, qui ne dépassent pas 15 cm de profondeur : l’idée est d’obtenir des références locales pour trouver des solutions malgré des potentiels très limités et un contexte climatique de plus en plus impactant ».
Les essais s’intéressent à différentes espèces et variétés, avec différents mélanges et dates de semis. L’été dernier, un travail s’est notamment dédié au sorgho, avec plus ou moins de succès. Plusieurs compositions herbagères ont été ensemencées à partir du mois de septembre : « en arrière-saison, certaines plantes ont la capacité de bien repartir à l’image du dactyle, de la fétuque et de la fléole. Nous tentons d’exploiter ces pistes. Dans un souci de qualité, nous associons ces graminées à des légumineuses, notamment du trèfle blanc et du trèfle violet », poursuit le technicien.
Produire et récolter des fourrages le plus tôt possible au printemps est une autre priorité selon Jean- Baptiste Martinien : « des espèces dynamiques comme le ray-grass d’Italie et les ray-grass hydrides sont à privilégier quand les sorties d’hiver sont précoces. L’objectif est de produire un maximum avant les périodes de sec qui se font de plus en plus fréquentes. Rien n’est toutefois évident et nos essais le prouvent actuellement : ce printemps 2021 est encore difficile voire pire que celui de l’an passé avec un gel plus long et plus prononcé. Les prairies se retrouvent davantage pénalisées avec une période de sec qui arrive dans la foulée… ». La plateforme de Poiseul-la-Ville travaille également sur la thématique luzerne et tente de déterminer les variétés les mieux adaptées aux conditions pédoclimatiques du département : « là encore, nous les associons à des graminées. Nous tâchons d’élaborer les meilleurs mélanges, les différentes espèces doivent bien se comporter, sans que l’une ne prenne le dessus sur l’autre ». Pour rappel, la gamme Pro Herbe proposée par Dijon Céréales répond aux différentes attentes des agriculteurs.