FDSEA / JA
« On en a ras-le-bol, on dit stop ! »
Le mercredi 27 novembre, environ 120 agriculteurs (et une trentaine de tracteurs) se sont une nouvelle fois mobilisés, à Auxerre, sous l'impulsion de la FDSEA et des JA de l'Yonne. Après avoir affiché une opposition claire au Mercosur, c'est cette fois-ci l'État qui était visé, où a été exprimé un ras-le-bol vis-à-vis d'une surréglementation, d'une surtransposition de règles françaises et européennes et des charges toujours plus nombreuses et élevées.
« Il y a un vrai ras-le-bol, on est là pour dire stop », lance Damien Brayotel, président de la FDSEA de l'Yonne. C'est une nouvelle fois dans les rues que les agriculteurs ont exprimé leur colère, le mercredi 27 novembre, dans les rues d'Auxerre. Environ 120 agriculteurs et une trentaine de tracteurs sont partis du carrefour de l'Europe, direction la DDT, puis la préfecture, pour cibler l'État et son empilement de normes, réglementations et contrôles vis-à-vis de l'agriculture : directive nitrates, drainage, irrigation, entretien des cours d’eau, bien-être animal, ICPE, ZNT, Écophyto, PAC, CSP, 3STR, haies, indice prairies, sangliers, loup, Green Deal, Farm to fork… La liste est longue. Et pour illustrer cette abondance, des murs et pyramides de normes et réglementations ont été installés devant la DDT et la préfecture.
« Aujourd'hui, il y a trop de normes, trop de charges, une réglementation qui se contredit et une nouvelle réglementation arrive encore. On a l'impression d'être plus souvent au bureau que dans le champ, ce qui est un vrai problème », confie Maxime Boucher, des JA de l'Yonne. « C'est devenu invivable pour nous, agriculteurs », enrichit Charles Baracco, président des JA de l'Yonne. « Le pire, c'est qu'on a des normes françaises qui viennent s'ajouter aux normes européennes, qui sont déjà beaucoup plus strictes que dans le reste du monde. Tout n'est évidemment pas à jeter, mais toutes ces normes, mises bout à bout, font qu'on nous enlève toute compétitivité, même avec nos voisins européens. À un moment donné, trop c'est trop ».
Le Mercosur, le point de départ des actions
Cet acte II des mobilisations est intervenu 10 jours après une première étape où était affichée une opposition claire à l'accord du Mercosur. Mais le monde agricole n'a pas oublié que la plupart de ses demandes faites en début d'année étaient toujours sans réponses. « Le Mercosur était le fait déclencheur de nos actions, mais on est aussi là pour aller chercher ce qu'on n'a pas obtenu », explique Franck Pouillot, secrétaire général de la FDSEA de l'Yonne. « Cette action, c'est pour pointer du doigt tout ce qui entrave notre métier, notre quotidien », ajoute Damien Brayotel, président de la FDSEA de l'Yonne. « Depuis nos mobilisations de l'hiver dernier, des engagements avaient été pris. On a eu quelques avancées, puis, plus rien, car tout ce qui devait passer par la loi a été stoppé par la dissolution de l'Assemblée Nationale. Maintenant, il faut absolument que les choses avancent. Car si on veut pouvoir vivre de nos métiers, il faut être compétitif, mais ce n'est pas en nous mettant des boulets aux pieds qu'on pourra l'être », continue-t-il.
Maxime Boucher l'assure : « Nous, nous n'avons pas oublié les promesses qui nous ont été faites par l'État ». Charles Baracco poursuit : « On attend d'être entendu et respecté. Les politiques ont beaucoup parlé de souveraineté alimentaire cette dernière année. On pensait que cette notion était acquise dans leur tête, mais je pense finalement qu'ils n'ont pas saisi que pour qu'un pays tourne correctement, on a besoin des agriculteurs. La majorité des personnes mangent trois fois par jour et si cela est possible, c'est grâce aux agriculteurs. On aimerait qu'on nous laisse travailler sans qu'on nous suspecte continuellement de mal faire, alors que dans le même temps l'agriculture française est soulignée comme étant l'une des plus vertueuse au monde. Il faut être fière de l'agriculture de notre pays et soutenir ceux qui la font. Cela passe par moins de normes, beaucoup de simplification administrative et surtout ne pas signer des accords qui viendraient inonder nos marchés internes de produits qui ne respectent pas les mêmes normes que les nôtres. Ce que l'on revendique, c'est de pouvoir vivre de notre métier, de pouvoir commercialiser nos produits en fonction de nos coûts de production, on n'en demande pas plus ».
Les panneaux déposés devant la préfecture
Devant la préfecture, les agriculteurs ont déposé les panneaux de sortie des communes retirés la semaine précédente. « L'an dernier, on avait retourné les panneaux en disant que l'on marchait sur la tête, cette année, on a enlevé ceux de sortie des communes pour exprimer l'idée qu'on ne sait plus où on va », rappelle Damien Brayotel. « Les panneaux, on a décidé de les emmener à la préfecture de l'Yonne, car toutes les normes qui nous contraignent sont mises en place par l'État, représenté par la préfecture, ici, à Auxerre ».
Pascal Jan, préfet de l'Yonne, est ensuite venu à leur rencontre afin d'échanger avec les agriculteurs présents (lire par ailleurs). Au cours des discussions, le président de la FDSEA lui a notamment lancé : « On a besoin de solutions de la part de l'État, Monsieur le préfet ».
Des échanges avec le préfet
Devant la préfecture, Pascal Jan, préfet de l'Yonne, a longuement échangé avec les agriculteurs présents. Ce dernier a notamment rappelé qu'en matière de contrôle, les services de l'État dans l'Yonne avaient mis en place une fiche d'observation à remplir par les agriculteurs, pour veiller à ce que les contrôles se fassent en bonne et due forme. « Les contrôleurs doivent s’imprégner des difficultés que les agriculteurs ont au quotidien et en tenir compte dans les modalités du contrôle. À travers cette fiche d'observation, l'idée n'est pas d'avoir défiance vis-à-vis du contrôleur mais d'avoir une relation de confiance entre lui et l'agriculteur et être sûr que le dossier soit traité en cas de problème ».
Cette fiche est ensuite directement envoyée à la DDT, sans passer par le contrôleur, pour s'assurer que les informations transmises par l'agriculteur arrivent dans les mains des services de l'État.