Le syndicat d'élevage ovin, réuni en assemblée le 20 septembre à Créancey, a fait le point sur l'actualité de la filière, notamment sanitaire. Le point avec le président Julien Pané.

La FCO a animé une grande partie de votre réunion. Quelle est la situation ?
Julien Pané : « Le sanitaire est malheureusement le sujet numéro un du moment, au même titre que la prédation. Dans leur très grande majorité, les éleveurs ont été très réactifs en anticipant le plus possible les vaccinations. Ils ont pris les devants, il faut s'en féliciter. Pour limiter la propagation de la maladie, rappelons-le aussi : plusieurs regroupements d'animaux ont dû être annulés. Un ou plusieurs foyers de FCO-3 sont déjà recensés dans le département mais, au moment où je vous parle, la situation est beaucoup moins catastrophique que dans certains secteurs, je pense notamment au nord de la France où les dégâts sont beaucoup plus conséquents. Souhaitons que cela reste ainsi chez nous... Nous ferons le point dans plusieurs semaines, nous aurons davantage de recul ».
Quelles sont les demandes du syndicat ?
J. P. : « La FCO peut faire des ravages et mettre à mal notre profession, qui est déjà mal embarquée avec la propagation du loup, c'est pourquoi nous demandons un certain nombre de soutiens de la part de l'État. Les protocoles sanitaires des sérotypes 4 et 8 doivent être pris en charge, au même titre que ceux de la FCO-3. Dès le mois de février, nous avions fait une demande au national sur ce sujet, mais notre requête avait été refusée. Nous sommes revenus à la charge par le biais du préfet, nous attendons aujourd'hui des réponses. Les désinsectisations font aussi partie de nos revendications. Autre point important : les indemnisations sont aujourd'hui inexistantes pour les animaux morts. En effet, un éleveur qui perd une brebis à cause de la FCO ne touche rien : nous demandons du changement ».
Qu'en est-il de la prédation ?
J. P. : « Pas plus tard que ce matin, il y a eu une nouvelle attaque, c'est fois dans un pré à Allerey. La prédation est malheureusement une préoccupation quotidienne. Lors de notre assemblée, dans ce même dossier, nous avons déploré certaines positions administratives qui écartent bien trop souvent l'hypothèse du loup...Cela est regrettable. Alors oui, dans bien des cas, nous ne pouvons jamais sûr à 100% qu'il s'agit bien du loup, mais quand le doute est trop important, nous demandons à ce que l'éleveur sinistré puisse être indemnisé. Quand il y a une part de doute trop importante et que les indices sont encore trop nombreux et parfois même flagrants, nous nous donnons le droit de contester. Telle est la position de notre syndicat ».
Comment est le moral des éleveurs, en cette rentrée ?
J. P. : « Il est forcément impacté par les deux problématiques précédemment abordées... C'est dommage, car les cours sont porteurs et tendent désormais à le rester toute l'année. La filière ovine attire des jeunes et nous nous en félicitons. Pour l'instant, nous arrivons à compenser les départs en retraite. Je salue à nouveau le Conseil départemental pour son aide très précieuse notamment dans la constitution de troupes et l'achat de petits matériels qui réduisent la pénibilité du travail. Notre partenariat avec la MSA est tout aussi pertinent, il nous permet d'accéder plus facilement à des outils pratiques et sécurisés pour l'exercice de notre métier ».
Quels sont les prochains rendez-vous du syndicat ?
J. P. : « Une demi-journée technique se tiendra le 21 novembre sur le thème de l'alimentation, probablement dans le secteur de Semur-en-Auxois. Courant février, nous nous intéresserons à la pénibilité du travail avec la MSA, avec les essais de différents équipements. Ces deux rendez-vous entrent dans le pack que nous proposons chaque année au sein de notre syndicat. Rappelons aussi que ce dernier est apolitique et réuni de plus en plus d'adhérents. Une réelle dynamique est en train de se créer, elle nous permet d'être forts et légitimes lorsque nous portons des demandes auprès de la législation ou des politiques. Un autre point que je souhaite aborder pour termine : suite à l'annulation du concours d'Arnay, un certain nombre d'éleveurs n'ont pas vendu les béliers qu'ils avaient préparés pour cette occasion : il ne faut surtout pas hésiter à les contacter, bon nombre d'animaux sont encore disponibles dans les fermes ! ».
« Les mêmes soucis partout »
Nicolas Bayen, éleveur à Nod-sur-Seine, a participé au dernier congrès de la FNO avec plusieurs collègues côte-d'oriens. Le responsable du dossier loup à la FDSEA21 revient sur ce déplacement à Troyes : « Tous les éleveurs de France rencontrent les mêmes soucis… En ce qui concerne le loup, plus personne n'est à l'abri. Et tout le monde regrette le parti pris de certains agents de l'OFB et d'autres administrations lorsqu'il s'agit de définir si le loup est bel et bien responsable de telle ou telle attaque. Cela devient désespérant ! Lors de ce congrès, certains éleveurs ont même fait part de leur expérience face à l'ours : alors là, c'est encore pire que nous, ils regardent leurs brebis se faire dévorer en pleine journée, sans pouvoir bien sûr intervenir… Les fervents supporters de la biodiversité font beaucoup de mal à nos élevages, il est fort dommage que nos animaux ne rentrent pas dans leur vision de la biodiversité. Par rapport aux dossiers sanitaires, là aussi, tout le monde rencontre les mêmes problèmes. Et l'occasion est toute trouvée pour passer un coup de gueule en lien avec l'actualité : le non-entretien des cours d'eau et fossés, déjà responsable de nombreuses inondations ces derniers mois, multiplie les eaux stagnantes et permet à de nombreux insectes de se reproduire et pulluler. Nous n'avons vraiment pas besoin de çà en ce moment ! ».