Accès au contenu
Future PAC

Effets de la future PAC en élevage allaitant

Après les grandes cultures la semaine passée, nous nous intéressons, toujours avec le concours de Cerfrance BFC, aux effets possibles de la nouvelle politique agricole commune sur un secteur central de l’agriculture régionale : l’élevage de bovins à viande.

Par Berty Robert
Effets de la future PAC en élevage allaitant
Selon la projection opérée par Cerfrance BFC, l'évolution vers la nouvelle PAC ne se traduirait pas par la catastrophe redoutée, mais réclamera de faire des choix bien réfléchis. (Crédit Cerfrance BFC)

Dans le domaine des bovins allaitants, la question des écorégimes se pose, évidemment. Selon Cerfrance BFC, pourtant, tous les éleveurs de bovins allaitants pourraient avoir accès à l’écorégime supérieur. « Délibérément, précise Mathilde Schryve, référente Études et Prospective au sein de Cerfrance Bourgogne-Franche-Comté, nous avons cherché à voir ce que cela donnerait avec les exploitations qui pourraient se trouver le plus en difficulté, par exemple celles qui ont des petites surfaces en culture et qui ne font que du blé ou du maïs, ou encore les polyculteurs-éleveurs avec beaucoup de céréales, ou ceux qui ont beaucoup de prairies permanentes. Bref, même en ne prenant en considération que des cas extrêmes de ce type, tous entrent dans l’écorégime ». Voilà ce qui explique que globalement, les analystes de Cerfrance BFC ne sont pas inquiets sur la capacité des élevages de bovins allaitants à entrer dans l’écorégime supérieur.

La question de l’évolution de l’enveloppe UGB

Le gros changement lié à la future PAC, il est plutôt à attendre du côté de l’aide à l’UGB. Avant l’été 2021, les éleveurs du secteur s’étaient beaucoup inquiétés sur cette thématique et avaient interprété la chose comme une volonté du ministère de basculer les aides des allaitants vers les éleveurs laitiers. Il semble que, depuis, l’élevage à viande a su faire entendre sa voix en Haut-Lieu et la situation, telle qu’elle se présente aujourd’hui, n’est plus aussi désavantageuse. « Nous avons basé nos estimations sur des systèmes naisseurs, précise Mathilde Schryve, parce que nous nous sommes dit que les purs naisseurs seraient ceux qui pourraient le plus pâtir du nouveau système. Notre groupe de base se présente donc ainsi : des purs naisseurs de Saône-et-Loire qui touchent l’Indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) » . Aujourd’hui, ce type de système gagne sur les Droits à paiement de base (DPB), parce qu’ils sont proches de la moyenne, « voire, avec des DPB un peu bas, poursuit l’analyste de Cerfrance BFC, mais qui se retrouvent gagnants avec la convergence et la revalorisation ». Sur les écorégimes, ils sont également gagnants, mais sur l’aide à l’UGB, ils se retrouvent légèrement perdants. « Le seul bémol, c’est que l’enveloppe allouée à l’UGB va diminuer de 10 % sur la durée de la nouvelle PAC et va venir alimenter l’aide aux protéagineux. Du coup l’aide unitaire pourrait baisser si on conserve le même nombre d’UGB à primer, alors que si la décapitalisation du cheptel se poursuit, le montant pourrait rester identique ».

Tenter d’optimiser les aides

À l’inverse, si cette aide est très incitative et que les éleveurs font le choix d’aller au maximum des UGB qui peuvent être primées, il faudra peut-être diviser entre plus d’UGB bénéficiaires. Mathilde Schryve le reconnaît : « il y a encore de l’incertitude sur ce point ». Les projections de Cerfrance BFC montrent donc une légère baisse sur les aides aux animaux, largement compensée par plus d’écorégimes et d’aides à l’UGB. « Au final, on a une augmentation du montant total, mais qui pourrait être gommée si les écorégimes devaient être partagés entre plus de bénéficiaires ». Cette situation pourrait donner des idées aux éleveurs pour tenter d’optimiser les aides, en passant d’un maximum de vaches primées à un maximum d’UGB : « Si on n’était pas au maximum, on peut garder le même nombre de vaches et on élève plus d’animaux. Je crois moyennement en cette option parce que dans nos systèmes, avec les sécheresses récurrentes, on peut être limité par la ressource fourragère. L’autre possibilité serait de faire moins de vaches et d’élever plus. Là, on aurait le même nombre d’UGB, mais qui prendraient moins de place dans les bâtiments, qui feront moins de vêlages, donc qui réclameront moins de travail, et, finalement, on aboutit à un système qui serait plus engraisseur et moins naisseur ». Mathilde Schryve soulève tout de même un dernier point d’interrogation quant à cette nouvelle PAC : « On a l’impression qu’au ministère, l’idée qui prévaut c’est d’importer moins de vaches de réforme allemandes et de consommer plus de taurillons français, mais il va falloir changer les modes de consommation qui, pour l’instant, ne sont pas orientés de cette façon en France… »