Moisson
« On avait de quoi espérer mieux »
La moisson estivale est terminée et l’heure est au bilan. Et ce n’est un secret pour personne, dans l’Yonne, celle-ci est dans l’ensemble décevante, notamment au niveau des colzas et des blés. Si elle est toutefois loin d’être catastrophique, les cultures offraient, sur le papier, des perspectives bien meilleures en termes de quantité et de qualité.

« On avait de quoi espérer mieux », assure Walter Huré, président de la coopérative 110 Bourgogne. Globalement, ce dernier juge la moisson 2023 « décevante au vu de ce qu’on voyait dans les champs. Visuellement, on avait de belles cultures, avec de belles implantations. Malgré tout, la majorité des agriculteurs du département sont déçus notamment en ce qui concerne les colzas et les blés. Beaucoup pensaient faire une bonne voire très bonne moisson, ce qui aurait été bien pour la marge brut lorsque l’on regarde les charges élevées pour l’année qui vient de s’écouler ».
Pourtant, la récolte était bien partie avec de bons résultats en orges d’hiver. « Les rendements sont corrects, voire bons à très bons dans certains secteurs. Cela va de 60 q/ha à 90 q/ha en fonction des endroits, des types de sols et des orages qu’il y a eu. C’est une fourchette assez large mais il est toujours difficile de faire une moyenne pour l’Yonne car en fonction des secteurs et des types de sols, celle-ci ne voudrait pas dire grand-chose. Car pour certains 65 q/ha est une bonne année, pour d’autres c’est un rendement de misère », détaille Walter Huré.
Quant aux taux de protéines, ceux-ci sont également bons. De même que les calibrages avec une moyenne à 79-80 %. « Pour les orges d’hiver, on est dans un bon cru, si je peux dire. Il y a toujours quelques hétérogénéités mais dans l’ensemble, on est sur une bonne année. C’est la culture qui s’en sort le mieux cette année ».
Les colzas, la grosse déception
Ce qui n’est pas le cas des orges de printemps, qui elles, sont plutôt décevantes dans l’ensemble. « Celles semées à l’automne ont été touchées par les maladies et celles semées en février mars sont catastrophiques. Elles étaient constamment au mauvais stade, au mauvais moment. Les rendements sont donc relativement faibles. Les taux de protéines sont corrects mais les calibrages sont vraiment mauvais », rapport le président de 110 Bourgogne.
Et que dire des pois de printemps et d’hiver. « Il n’y a plus de bonne année », constate Walter Huré. « Tous les ans, les rendements sont décevants. C'est presque devenu des cultures anecdotiques à certains endroits. En pois d’hiver on tourne autour de 25 q/ha en moyenne, avec une variabilité qui va de 15 à 30 q/ha. Ce qui est très faible ».
Mais la plus grosse déception de cette année concerne les colzas. Si les rendements sont loin d’être catastrophiques, les espérances étaient élevées sur cette culture. « On avait des colzas bien implantés, qui avaient des beaux volumes végétatifs, une bonne floraison même si elle s’est faite sous la pluie. Sauf que les rendements sont décevants et ce dans tous les secteurs. Les meilleurs sont à 30-35 q/ha dans le nord de l’Yonne. Par rapport à ce qu’on voyait, ce qu’on espérait et la réalité du terrain, il manque une bonne dizaine de quintaux à l’hectare », confie-t-il.
Quant à la moutarde ? « En moyenne, sur la coopérative, on est sur 8 q/ha, ce qui n’est pas très bon. Habituellement on tourne autour des 15 q/ha en moyenne. Cette année, on est donc presque sur des demi-rendements. La cause ? La pression insecte au printemps est difficile à gérer. C’est une culture qui est de la même famille que le colza. Le problème est donc que les insectes ravageurs qui attaquent le colza, viennent ensuite sur la moutarde. Si le colza est bien implanté, il arrive à s’en tirer, mais la moutarde, elle, est encore plus sensible aux insectes que le colza. On le voit cette année avec les rendements ».
Une forte hétérogénéité dans les blés
Enfin, pour le blé (qui est la culture principale collectée par la coopérative, avec un peu plus de 50 % des céréales totales, ndlr), là aussi, une petite déception est notable. « Elle n’est pas au niveau de celle du colza mais effectivement, les rendements sont un peu en dessous des attentes. Dans la zone plateaux de Bourgogne, on est dans la petite moyenne, autour de 60 q/ha. La zone qui a plus souffert, c’est le Châtillonnais. Les céréaliers de ce secteur n’ont quasiment pas eu d’eau. Et lorsqu’ils ont eu des orages, c’était des orages de grêle, ce qui n’a pas aidé », indique Walter Huré.
Si les PS sont bons, avec une moyenne à 77 %, les rendements sont en baisse environ de 5 q/ha par rapport à la moyenne des dernières années. « Ils vont de 55-60 q/ha sur la zone plateaux de Bourgogne, à 80-85 q/ha dans les terres profondes. On voit donc de fortes disparités ».
Une année encore une fois marquée par de grandes hétérogénéités en fonction des secteurs, et des déceptions. Les attentes étaient grandes pour tenter de combler une partie des charges élevées déboursées par les exploitations cette année. Il faudra malheureusement une fois de plus serrer les dents, en espérant des jours meilleurs en 2024.