Expérimentations
Champfriand, un dispositif unique
Huit systèmes de cultures pluriannuels sont en place à Fromenteau, entre Saint-Seine-l’Abbaye et Sombernon, depuis plus de 10 ans. BASF et l’Alliance BFC mettent en lumière plusieurs enseignements.
BASF France-Division Agro accompagne depuis 2021, en collaboration avec l’Alliance BFC, le dispositif d’expérimentations Champfriand en rotation principale colza-blé-orge. L’objectif majeur de cette plateforme est de produire des références techniques afin de visualiser les effets des pratiques agronomiques sur les pressions d’adventices pour une agriculture à la fois rentable et écologiquement vertueuse. Pour la saison 2023-2024, sur une implantation de blé, c’est aussi l’occasion de mettre en avant une nouvelle substance active BASF dans les différents systèmes.
Date de semis et pression graminées
Décaler la date de semis permet d’implanter la céréale à une période moins favorable à la levée des adventices et lorsque les pucerons, vecteurs de virus, ont disparu. Cette technique, cumulable avec un faux semis, permet d’amoindrir le recours aux produits phytosanitaires. Cependant, un semis plus tardif peut avoir une incidence sur le rendement. BASF France – Division Agro préconise d’augmenter la densité de semis pour compenser les pertes à la levée. Avec le réchauffement climatique et les périodes de gel quasi inexistantes en octobre-novembre, le décalage de la date de semis n’est plus synonyme de perte de rendement, même sur le plateau Fromenteau situé à 550 m d’altitude. Ce décalage permet également un meilleur contrôle des graminées ayant développé des résistances à certains herbicides foliaires.
Le labour, toujours un allié ?
Lorsque le labour est pratiqué de manière périodique, il devient le premier rempart face aux résistances et aux fortes pressions de graminées. L’enfouissement des graines de graminées dans le sol permet d’activer le levier TAD (Taux annuel de décroissance). Les graminées, ont, selon les espèces, une espérance de vie en dormance de 3 - 4 ans. Pratiquer le labour occasionnel, combiné aux autres leviers, permet donc de réduire la densité de graminées grâce à l’effet du TAD. Le labour occasionnel est efficace sur le site expérimental de Champfriand. Il est suffisant pour diminuer les pressions en brome stérile et dans une moindre mesure en vulpins.
Atouts et contraintes dans la rotation
Les systèmes de culture en ACS (agriculture de conservation des sols) se caractérisent par une population d’adventices plus typée (exemples des laiterons en colza et du brome stérile en céréales) que celle des systèmes de culture bénéficiant d’un travail du sol. Le fait de décaler la date de semis peut, dans certains cas, avoir une incidence sur la qualité du semis (retard de germination, attaque de limaces…). La réduction de travail du sol favorise le brome stérile et le campagnol des champs qui impactent fortement les cultures de blé et d’orge dans la rotation. Décaler la date de semis présente également de nombreux avantages telles que la protection de la surface du sol avec la matière organique fraîche, la réduction de la population de graminées ou encore une meilleure efficacité des herbicides racinaires due à la limitation de la migration du produit dans le sol.
Plantes compagnes en colza
Les plantes compagnes, levier agronomique visant à obtenir une culture de colza forte, ne permettent pas de réduire la pression des graminées de manière directe. Les échanges ayant lieu dans la solution du sol entre les plantes compagnes et le colza octroient, à ce dernier, une robustesse face aux attaques des bioagresseurs. Pour ce qui est des adventices, une association colza / plantes compagnes permet de concurrencer les adventices de par une fermeture de l’inter-rang plus rapide.
Complémentarité des herbicides racinaires
Face à la résistance des graminées à certains herbicides de la famille chimique des ACCases (groupe HRAC 1), il est indispensable de gérer les graminées à l’échelle de la rotation en utilisant des substances actives racinaires comme les chloroacétamides. L’action racinaire de ces molécules permet un contrôle des graminées, dès le début de leur cycle et évite toute compétition avec la culture. L’obtention d’un colza robuste, avec une forte biomasse maximisant la couverture du sol et protégeant des potentielles attaques d’insectes à l’automne, permet d’utiliser ensuite la propyzamide sur des pressions adventices réduites.
Quid du désherbage mécanique
Dans le cas précis du site expérimental de Champfriand, le désherbage mécanique est utilisé sur céréales et colza en situation de rattrapage après un traitement chimique en post-semis prélevée. Le passage de la bineuse, aidant au guidage caméra et le signal GPS RTK, a lieu à l’automne ou bien en sortie d’hiver suivant les conditions pédoclimatiques. Selon J-dispo, algorithme développé par Arvalis permettant de calculer le nombre de jours disponibles pour le désherbage mécanique, nous disposons en moyenne de 15 jours sur le site. Dans ce contexte, le désherbage mécanique reste un bon complément au désherbage chimique à condition de respecter certaines règles. BASF France – Division Agro recommande d’actionner les leviers agronomiques et d’assurer un désherbage à l’automne avec des herbicides racinaires tout en utilisant la herse étrille, en passage à l’aveugle, soit quelques jours après le semis. Le binage de sortie hiver doit être suivi d’une période sèche afin d’éviter tout risque de repiquage favorisant ainsi la biomasse de la culture pour couvrir l’inter-rang (semis à écartement 25 cm) et ainsi concurrencer les adventices.
Combiner les actions
Il est nécessaire de combiner leviers agronomiques, désherbage conventionnel et mécanique à l’aide d’outils travaillant le sol de manière superficielle pour détruire les adventices présentes. BASF France – Division Agro met en avant les qualités de la herse étrille : elle réduit l’IFT et casse la croûte de battance si besoin. Elle permet aussi un débit de chantier élevé (12 m de large, 10 à 15 ha/h). La bineuse et la houe rotative sont également des outils pertinents utilisables en colza et céréales à paille.
Les effets des plantes compagnes sur la vigueur des colzas
Le système racinaire puissant de la féverole, plantes compagnes du colza, profite à ce dernier en lui offrant la possibilité d’explorer plus de surface, et donc potentiellement d’avoir accès à plus d’éléments nutritifs. L’amplification des réactions chimiques dans la rhizosphère de la féverole après abaissement du pH lui est également bénéfique puisqu’elle permet d’améliorer l’accès à ces éléments essentiels. Pour une meilleure alimentation et une croissance continue du colza à l’automne tout en améliorant la structure et l’aération du sol, BASF France – Division Agro recommande d’utiliser les plantes compagnes en situations de très faibles pressions adventices ou encore en situations à enherbement limité. A contrario, BASF déconseille fortement le recours à cette méthode en situations à fortes ou très fortes pressions adventices.