Les métiers agricoles peinent à recruter ? En Côte-d'Or, des conseillères et conseillers de France Travail se sont rendus dans une ferme afin de voir de manière concrète quelles compétences sont attendues. Ces professionnels de l'emploi pourront maintenant orienter en connaissance de cause.
Il y a des métiers pour lesquels rien ne vaut de se frotter à la réalité concrète, si l'on veut pouvoir en parler de façon pertinente. L'agriculture en est un. C'est la raison pour laquelle, le 15 octobre dernier, un groupe d'une dizaine de conseillères et conseillers de France Travail s'étaient donné rendez-vous à Is-sur-Tille, au nord de Dijon, sur l'exploitation de Maxime et Sébastien Asdrubal. Le but de l'opération, montée en collaboration avec les services de la FDSEA 21 et de l'Association nationale pour l'emploi et la formation en agriculture (Anefa) ? Permettre à ces professionnels de l'emploi et du recrutement de se retrouver en immersion dans cette réalité à la fois si proche et si lointaine : celle d'une ferme. En l'occurrence, une exploitation de polyculture-élevage avec une grosse activité d'engraissement de bovins, complétée par de la méthanisation et même une boucherie et un atelier de découpe. Un véritable concentré de besoins en compétences diverses donc, et un bon terrain d'observation pour les représentants de France Travail.
Mouton à cinq pattes
« Ce qu'il nous faut avant tout, assurait Maxime Asdrubal en présentant son exploitation, ce sont des gens polyvalents, capable de faire face à la grande diversité de situations qu'on peut trouver au quotidien sur une exploitation comme la nôtre ». Être un peu mécanicien, maçon, savoir repérer une bête qui ne va pas bien, savoir manier un tracteur, être organisé, rapide et endurant… Là où certains ne verraient que le fameux « mouton à cinq pattes » introuvable ou rare, les conseillers France Travail prenaient conscience de l'intérêt de métiers agricoles finalement ouverts à une grande diversité de compétences qu'ils voient tous les jours défiler devant eux. « Il est vrai qu'on ne pense pas assez à l'agriculture, reconnaissait une conseillère du groupe. Lorsqu'on a un chercheur d'emploi qui nous dit qu'il voudrait travailler en extérieur, on pense tout de suite aux espaces verts… Cette découverte de l'agriculture nous permet de revoir notre approche ». En décrivant son exploitation, qui emploie cinq salariés permanents, et les développements qu'elle connaît, Maxime Asdrubal confiait par ailleurs : « pour notre boucherie, trouver un bon boucher, ce n'est pas facile… mais c'est encore plus dur de trouver un bon salarié agricole ! » L'intérêt de mieux faire connaître ces métiers était donc ainsi parfaitement résumé.
Effort d'acculturation
Les représentants de France Travail ont eu l'occasion, ce jour-là, de mettre la main à la pâte, de discuter avec certains des salariés de l'exploitation (ayant tous des profils très différents et pas forcément issus du milieu agricole). Le moyen, pour eux, de savoir désormais de quoi ils parlent en proposant à des chercheurs d'emploi de tenter leur chance vers l'agriculture. En étant aussi conscient de la grande diversité d'activités, et donc de compétences requises qui se cachent derrière le terme d'agriculture. Maxime Asdrubal le précisait en conclusion : « ce que vous avez vu aujourd'hui, c'est une exploitation agricole, il en existe des tas d'autres très différentes ». De quoi tenter d'autres immersions de la sorte et battre en brèche l'idée reçue que France Travail ne connaîtrait pas ces métiers. Certains de ses représentants font en tout cas un effort réel et remarquable d'acculturation.