Recrutement
Recruter les futurs talents de la GenZ

Marie-Cécile Seigle-Buyat
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La génération Z fait son entrée sur le marché du travail. Recruter ses futurs talents nécessite une adaptation des employeurs et de leur entreprise. L’Apecita et l’Anefa ont consacré une conférence à ce sujet.

Selon une étude Ipsos sortie en juin, les dirigeants des entreprises ont du mal à comprendre la génération de zoomers, plus communément appelée la GenZ (qui regroupe les personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, généralement entre 1997 et 2012). 86 % d’entre eux la perçoivent comme différente de la génération d’avant. La majorité des dirigeants trouvent difficile d’identifier les aspirations professionnelles des jeunes de moins de 30 ans ou encore à les faire évoluer dans le monde de l’entreprise. Lors d’une conférence consacrée au recrutement des futurs talents au sein de la GenZ, organisée au Sommet de l’élevage par l’Association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture (Anefa) et l’Association pour l’emploi des cadres, ingénieurs et techniciens de l’agriculture (Apecita), Philippe Béaur, délégué régional de l’Apecita Poitou-Charente-Limousin-Auvergne, a rappelé que, pour beaucoup, la GenZ était perçue comme allergique à l’autorité, fainéante, sans ambition et avec aucune envie d’entreprendre. Des clichés qu’il a démentis : « Près de la moitié de la génération Z ne rejette pas l’autorité. Ses représentants recherchent simplement de la souplesse, un système plus horizontal et plus ouvert. Cette génération privilégiera les postes où elle a le droit de faire des propositions et d’être prise en considération. Tous ont soif d’apprendre et veulent poursuivre un objectif dans leur vie professionnelle. Ils veulent être fiers d’eux ! » 

Ne pas oublier les attentes de l'employeur

Selon Ipsos, parmi l’échantillon de la GenZ interrogé (1 000 personnes représentatives de la population française âgées de 18 à 28 ans), 84 % disent avoir le goût au travail, mais recherchent l’épanouissement professionnel avant tout. Pour Sylvie Chabanon, conseillère en insertion professionnelle à VetAgro Sup « quand ils sont en recherche de leur stage de fin d’études ou de leur premier emploi, je vois des jeunes qui sont en quête de sens et qui n’accepteraient pas d’entrer dans une entreprise qui ne respecterait pas les valeurs auxquelles ils croient fortement comme le bien-être animal ou l’environnement. Ils arrivent sur un marché de l’emploi plutôt positif pour eux, ils ont de quoi être exigeants. Aujourd’hui, plus de 83 % des diplômés de VetAgro Sup entrant sur le marché du travail trouvent un emploi en moins de deux mois ». Toutefois, il ne faut pas également oublier les attentes de l’entreprise. « Il y a les droits qu’offre l’entreprise, mais également les devoirs que nous avons vis-à-vis d’elle. Tout est question de compromis, comme dans la vie en somme », souligne Laurent Cohade, chargé de recrutement au Crédit Agricole Centre France. « C’est du donnant-donnant », confirmait Hélène Rivière, en recherche d’emploi et représentante de cette génération. 

Comment la génération Z perçoit-elle l'agriculture ?

La génération Z est en quête de sens, d’un travail porteur de valeurs environnementales et humanistes. Autant de valeurs que semblent offrir les métiers de l’agriculture. Pour autant, quelle perception les moins de trente ans ont-ils de l’agriculture ? En janvier 2020, les étudiants de l’Ihedrea (une école d'agri et d'agro management) ont conduit une enquête autour du thème « Agriculture et génération Z ». La perception entre « Ruraux’z » et « Z’urbains » diffère parfois. La vision de l’agriculture demeure meilleure chez les « Ruraux’z » que chez les « Z’urbains ». L’enquête révèle que 48 % des « Ruraux’z » ont une très bonne image de l’agriculture quand seulement 38 % des «Z’urbains» partagent cette opinion. Il est important de noter que la majorité des deux groupes a une bonne image de l’agriculture (51 % des Z’urbains et 43 % des Ruraux’z). Plus de 70 % des ruraux indiquent aimer la nature et la diversité du monde agricole, 62 % son utilité et plus de 54 % ses valeurs et ses principes. Pour autant, les jeunes futurs acteurs du monde agricole étaient, au moment de l’enquête, inquiets concernant leur avenir. Plus de 72 % considéraient le revenu des agriculteurs trop faible. L’utilisation des pesticides, sujet d’importants questionnements au sein de la population, était également un élément d’inquiétude.