Développement
La Bourgogne, terre de conquête pour Cero

Berty Robert
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L'agrivoltaïsme intéresse un nombre croissant d'acteurs. Parmi eux, Cero fait monter en puissance son développement en France depuis trois ans. Et sur sa feuille de route, la Bourgogne figure en bonne place.

La Bourgogne, terre de conquête pour Cero
Cero développe des installations agrivoltaïques dans de nombreux pays d'Europe. (Crédit Cero)

Parmi les nombreux acteurs qui émergent dans le secteur de l'agrivoltaïsme, arrêtons-nous sur Cero, tout simplement parce que cette entreprise, qui poursuit une stratégie de développement globale en France, s'intéresse notamment au potentiel bourguignon. Il s'agit d'une plateforme européenne présente dans huit pays, filiale à 100 % du fonds d'investissement australien Macquarie. Ce dernier intervient dans de nombreux domaines mais avec une constante : une empreinte carbone réduite au maximum. Cero est née il y a un peu plus de trois ans. C'est le résultat d'une évolution voulue par Macquarie qui, auparavant, développait ses projets européens en s'appuyant sur des acteurs locaux. Ces derniers se chargeaient des parties administratives rattachées aux projets (obtentions de permis de construire…) et Macquarie finançait. Il y a trois ans, la stratégie a changé et le groupe a fait le choix de développer ses propres projets au travers de la filiale Cero. « Nous ne venons pas de nulle part, souligne précise Éric Elbaz, responsable du développement en France pour Cero, nous sommes présents de longue date dans ce secteur énergétique, mais plus récemment de manière directe ».

Des projets d'abord agricoles

En s'appuyant sur un groupe financier puissant, l'entreprise (qui emploie 180 personnes en Europe) peut développer ses projets en totale autonomie. C'est aussi le résultat d'une prise en compte des opportunités de marchés existantes aujourd'hui dans ce domaine, avec des modèles économiques arrivés à maturité. « Cero maîtrise toute la chaîne de valeur, ajoute Éric Elbaz, de la prospection foncière jusqu'à l'obtention du permis de construire, la construction et l'exploitation de la centrale agrivoltaïque. Notre cœur de métier, c'est le développement de projets agrivoltaïques au sol, sur des formats relativement importants, d'au minimum 20 ha, sachant que, en conformité avec la loi, seule 40 % de cette surface sera occupée par le photovoltaïque ». Dans les huit pays d'Europe où elle est implantée, la société est à la tête d'une puissance de production de 26 Gw (Gigawatts). 370 projets sont en cours de développement, dont une vingtaine en France et la Bourgogne figure sur cet « itinéraire ». Cero revendique des projets d'abord agricoles, avant d'être photovoltaïques. Ils sont cadrés par le décret du 8 avril dernier, en application de l'article 54 de la loi Accélération de production des énergies renouvelables (Aper) qui fixe les limites réglementaires pour le développement de l'agrivoltaïsme et que du photovoltaïque au sol. « Nous travaillons selon deux axes : une partie élevage, avec des installations proches des ombrières, et une partie cultures avec des modules solaires disposés de manière à laisser passer des engins agricoles ».

Travail de prospection

Pour tenter de faire émerger des projets dans notre région, Cero a entamé un patient travail de prospection, auprès des acteurs agricoles et des collectivités. La société est notamment en contact avec la coopérative Sicarev et elle était présente au récent congrès des maires ruraux de France, organisé fin septembre en Côte-d'Or. Des contacts sont également pris avec des agriculteurs dont la configuration de l'exploitation pourrait se prêter à l'accueil d'une installation agrivoltaïque. « De nombreux facteurs entrent en ligne de compte, souligne Éric Elbaz : il y a des contraintes urbanistiques, environnementales, patrimoniales, juridiques, réglementaires et liées au raccordement de l'installation au réseau électrique. Mais si l'ensemble de ces facteurs sont réunis dans un sens favorable, cela peut être pour nous le point de départ d'un projet ». Quoi qu'il en soit, en cas d'accord entre un agriculteur et la société, l'étude de faisabilité du projet qui s'ensuivra s'étalera sur environ cinq ans. « Nous en sommes au début, conclut le responsable de Cero, mais d'ici quelques mois, en Bourgogne, les premiers permis de construire seront déposés ».