Que sont-ils devenus ?
Élargir ses connaissances

Chloé Monget
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Brice Houzé, 21 ans, a obtenu son Bac CGEA en 2020 au Legta du Morvan. Depuis, il a fait le choix de poursuivre ses études avant son installation.

Élargir ses connaissances
Brice Houzé, 21 ans, souhaite s'installer en bovin/ovin dans le Morvan avec une double activité. Ici en photo avec sa grand-mère. (Crédit photo : Sophie Houzé).

Même si l’obtention d’un diplôme acte officiellement un niveau de connaissances, il ne résume pas les parcours de tous ceux l’ayant obtenu. Si chaque étudiant a un chemin différent, certains ont à cœur de partager leurs expériences afin de montrer que tout est possible. Dans cette veine, Brice Houzé, 21 ans, revient sur ses pas en dévoilant son itinéraire scolaire.

Des débuts difficiles

« J’ai toujours voulu être exploitant agricole. Mais, mon parcours n’a pas été facile à l’école car je suis dyslexique. J’ai été en échec scolaire jusqu’à ma 5e, car je n’étais pas accompagné de manière adaptée dans les établissements scolaires où j’étais scolarisé. Mes parents m’ont toujours épaulé pour aller plus loin. De mon côté, je ne me suis jamais contenté de ce que l’on me donnait et j’ai toujours voulu savoir si j’avais bien compris mes leçons. Après avoir visité le Legta du Morvan avec mes parents, je me suis donné à fond pour y entrer et j’ai réussi ! Là-bas, j’ai trouvé ma voie et une équipe pédagogique à l’écoute ; je m’épanouissais enfin ! ». Au Legta, il termine ses années de collège et de lycée. Il est resté en contact avec ses anciens professeurs du lycée qui l’épaulent régulièrement, comme Catherine Blin, professeure de zootechnie, qui l’aide à trouver des maîtres de stage, le conseille et le fait intervenir au sein de la filière agricole pour échanger avec les élèves.

Double activité

Après avoir obtenu son Bac CGEA en 2020, il se lance dans un BTS ACSE, en 2022 au Legta de Challuy : « même si mon but est de devenir exploitant, je pense qu’il est nécessaire de faire ses armes avant et d’avoir toutes les bases indispensables (comptabilité, juridique, etc.) pour se lancer. Nous ne sommes pas qu’exploitant, mais aussi chef d’entreprise, comptable, vétérinaire, mécanicien… Si certaines connaissances peuvent s’acquérir tardivement, d’autres doivent être acquises au préalable. Cette formation m’a permis d’ouvrir les yeux sur certains points comme la possibilité de la double activité puisque nous l’avons abordé en cours et que la majorité des professeurs étaient exploitants en parallèle. C’est lors de mon BTS que j’ai décidé que cette double voie était plus sécurisante pour mon avenir. Le statut de double actif permet de s’installer tout en assurant un revenu fixe. En parallèle, le fait d’avoir une activité extérieure permet de rester attentif à ce qui se passe autour de soi et d’avoir un regard neuf à chaque fois que l’on revient dans sa ferme. J’aimerais être soit technicien soit professeur de zootechnie à mi-temps en plus de mon activité agricole ».

L’expérience indispensable

Une fois son BTS en poche, Brice se lance dans un Agro Bachelor Métier du conseil en élevage bovin viande à Villefranche-de-Rouergue (12), avec un apprentissage au GDS 58 : « Le sanitaire est un pan majeur en élevage et il est nécessaire de se tenir informé des moyens de lutte afin d’être préparé à tout ». Même s’il n’a pas officiellement décroché le Bachelor, Brice insiste : « j’ai une attestation confirmant la validation de tous les modules agricoles. Le seul manquant étant l’examen d’anglais (dit TOEIC). Je pense que même si les diplômes sont importants, ils ont une valeur par la bonne mise en application des connaissances dans le réel. De ce fait, les stages et les apprentissages sont un excellent moyen de montrer nos capacités tout en les affinant. Pour ma part, j’en ai effectué en production porcine, ovine, bovine, brebis laitières, bisons, gîtes ruraux, chambre d’hôte, ferme auberge et conduite de troupeaux à cheval… je pense qu’il ne faut se fermer aucune porte car il y a des idées de gestion ou de pratique à prendre partout ». Sans s’arrêter en si bon chemin, Brice poursuit son parcours étudiant en réalisant en 2023-2024 une Licence Pro ovine (CFPPA La Cazotte à Saint-Affrique (12)) couplée à un apprentissage à Sicarev coop au site de Migennes, dans l’Yonne : « Pour ma future exploitation, je souhaite une double production bovine/ovine, afin de sécuriser mon activité. Il me semblait logique d’approfondir mes connaissances dans le domaine ovin ». Brice espère s’installer en 2026 avec un associé : « travailler avec quelqu’un permet de répartir les tâches et d’alléger le poids d’une installation. La personne en question aura aussi une double activité. J’ai hâte de commencer ! ». Originaire du Morvan, il devrait pouvoir reprendre une ferme sur ce territoire si cher à son cœur : « j’ai pas mal voyagé, mais je reviens toujours… ça ne s’explique pas ».

Garder espoir

Si Brice a une idée précise de ce qu’il souhaite faire, il a aussi une vision spécifique sur la profession dans son ensemble : « L’avenir de notre métier est possible, mais il faut s’emparer des enjeux qui arrivent et ajuster nos pratiques tout en réfléchissant autrement, en prenant en compte le regard sociétal qui évolue sans cesse. L’agriculture va prendre un grand tournant et je pense que pour la pérennité de nos professions nous devons absolument recréer du lien entre producteurs et consommateurs. Il est grand temps que nous remettions notre parole au centre de la scène afin que les non-initiés se rendent compte de la qualité des productions françaises et du fait que des jeunes sont prêts à s’investir pour les conserver. La question du renouvellement des générations se pose et nous devons réfléchir aux conditions de transmission. Tous les agriculteurs doivent se serrer les coudes pour ce dossier car on constate certaines limites. Des concessions doivent être faites. Enfin, j’espère qu’un équilibre juste pourra être établi pour assurer l’avenir de notre si belle profession ».

Brice Houzé dans la bergerie de la Sicarev coop à Migennes, dans l'Yonne, avec des brebis et des agneaux de race suffolk. (Crédit photo : Baptiste Poillot/ Sicarev).